Le juif et le poisson

Le juif et le poisson

par | Juil 30, 2024 | Pensée juive | 2 commentaires

ת »ר האב חייב בבנו למולו ולפדותו וללמדו תורה ולהשיאו אשה וללמדו אומנות וי »א אף להשיטו במים

Un père est tenu de faire ce qui suit pour son fils: le circoncire, le racheter s’il est le premier-né, lui apprendre la Torah, lui trouver une femme et lui enseigner un métier. D’autres disent: lui apprendre également à nager. – Traité Kiddouchin 29a

On nous apprend qu’un père est obligé d’enseigner à son fils à nager. La directive semble étrange. Apprendre la natation à son fils ???

Alors, qu’est-ce qui rend la natation unique?

Rav Elyashiv zal ( Divrei Aggadah Devarim 14: 9 ) suggère que la natation est unique en ce sens qu’elle impose une participation active. Déposez un morceau de bois dans une rivière et que se passe-t-il? Personne ne suggérerait qu’il “nage”. On dira plutôt que ce morceau de bois “flotte”. Son chemin et sa destination finale sont définis par les courants de la rivière.

Le Rav explique que nager est une activité exigeant un engagement actif, et employant des compétences pour lutter contre l’influence de l’environnement. « Ne pas nager », dans le meilleur des cas, consiste à flotter sans but et, au pire, à sombrer et se noyer.

Le Talmud nous enseigne une notion fondamentale . Le juif doit être un nageur. Il ne doit pas être passif. En effet, le respect authentique de la Torah exige un état de contrôle permanent afin de ne pas être influencé par les courants du monde et les courants qui la contrarient.  Société, culture, vie et expérience sont des turbulences qui menacent et déstabilisent la direction que la Torah nous propose. Vivre une vie juive, une vie de Torah, ne nous permet pas de se contenter de rester à flot et de se laisser aller là où les courants nous portent. Vivre une vie de Torah, c’est nager contre courants.

Plus encore, le Rav Elyashiv ajoute que le peuple juif est comparé au poisson. “וידגו לרוב בקרב הארץ” «et qu’ils puissent proliférer en abondance comme des poissons dans le pays» (Bereishit 48:16). Et pas n’importe quel poisson, mais un poisson casher, c’est-à-dire un poisson avec des écailles et des nageoires. Des nageoires permettant au poisson de se mouvoir dans l’eau dans une direction désirée, voire d’aller à contre-courant. Le poisson n’est pas victime des marées et des courants. La destination du poisson est déterminée par le poisson lui même. 

Telle est la leçon essentielle du Talmud, selon laquelle un Juif doit être maître de son mouvement dans le monde et ne peut pas se laisser influencer par des forces extérieures.  

Les écailles, qui sont la deuxième caractéristique qui rend un poisson casher, protègent le poisson des dommages extérieur. De même, le Juif doit avoir des “écailles” qui le protègent du mal. Pour les Juifs, ces “écailles” sont les connaissances en Torah et l’application des mitsvot.  

וידגו לרוב בקרב הארץ “proliférer en abondance comme des poissons au sein de la terre (pays)” Le verset est contre intuitif. Comment le poisson peut-il proliférer sur terre? Ne devraient-ils pas proliférer dans l’eau?

La réponse à cette énigme est que pour être comme ce poisson, avec ses nageoires et ses écailles, le juif doit posséder une force intérieure et une armure pour rester casher, quel que soit l’environnement dans lequel il se trouve.

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