Libre arbitre – Quelle est notre réelle volonté?

Libre arbitre – Quelle est notre réelle volonté?

par | Déc 17, 2019 | Pensée juive | 1 commentaire

L’homme est différent de l’animal de par son libre arbitre. En effet, l’homme est, tout au long de sa vie, soumis à des choix. Pour qu’il y ait choix, il faut nécessairement qu’il y ait plusieurs solutions, plusieurs volontés qui s’offrent à lui. En général, le choix réside dans le fait de pouvoir faire ou le Mal ou le Bien. Mais nous serions en droit de nous demander si nous ne sommes pas schizophrènes, comment l’homme pourrait-il posséder deux volontés contraires en même temps, ou faire le bien ou faire le mal.

La réponse est que l’une des deux volontés n’est pas la notre mais le souhait d’une entité extérieure à nous-même, le mauvais penchant.

Pour déterminer quelle est notre réelle volonté, il suffit de savoir quelle est la volonté qui nous octroiera satisfaction de nous-même après exécution.

En revanche la mise en application du souhait du mauvais penchant nous mènera inévitablement à une déception de nous même.

Pour exemple, les fumeurs désirant arrêter la cigarette sont déçus d’eux-mêmes lorsqu’ils cèdent à la tentation. A contrario, s’ils ne craquent pas, malgré les frustrations et les difficultés à surmonter, ils ressentent une grande satisfaction .

Cette déception est l’expression du ressentiment de soumission et de perte de contrôle. En faisant le mauvais choix nous ne permettons pas à notre être d’”exister”, d’extérioriser notre volonté qui reflète notre identité. 

Hazal nous enseignent  : ”רשעים בחייהם קרויים מתיםLes impies sont appellés morts de leur vivant. Celui qui est esclave ne peut pas concrétiser ses volontés et n’a pas de vie propre mais n’est en réalité que l’objet, le prolongement de son maître.

En revanche, le bon choix est générateur de  satisfaction et permet l’existence. La réalisation de notre volonté donne une sensation de liberté car il permet de refouler les souhaits du mauvais penchant, certes plus tentant en apparence mais qui ne nous appartiennent pas. Nous réalisons que nous sommes maîtres de nos choix.

Cependant, pour avoir la possibilité de choisir, il est nécessaire de consacrer du temps afin de déterminer ce que l’on veut, il faut être à l’écoute de la petite voix émanant de notre for intérieur. A défaut, nous agissons spontanément, à l’image de l’animal suivant son destin, ses habitudes…

Pharaon, durant l’exil du peuple juif en Egypte, avait justement compris cette notion. En effet il multiplia les tâches à effectuer par nos ancêtres, ceci pour ne pas leur laisser de temps à la réflexion et éviter ainsi la rébellion.

Essayons de réfléchir objectivement et analysons nos actions afin de déceler si nos comportements de tous les jours, y compris dans notre service divin, ne sont pas soumis au problème de la routine, de l’habitude, de la spontanéité. En effet, les mitsvot sont concernées par cette notion de libre arbitre. Nous avons le choix d’effectuer la mitsva machinalement ou au contraire de l’exécuter en y intégrant plus de ferveur, d’amour et de motivation.

Souvent, ce n’est pas le manque de motivation à faire mieux qui pose problème. Car notre motivation à servir Hashem est bien présente dans notre for intérieur. Cependant nous ne prenons pas le temps de déceler cette motivation en consacrant un minimum de temps afin d’écouter les supplications de notre néchama (âme). Dès lors il nous semble que nous n’avons pas de choix à faire puisque nous n’entendons que la proposition du mauvais penchant qui nous invite à réagir de manière spontanée, comme l’animal. Sur le long terme, notre service divin paraîtra terne.

Le yetser hara (mauvais penchant) ne nous propose pas d’appliquer de très mauvaises actions car il sait que nous ne l’écouterons pas, alors il ne propose tout simplement de ne pas écouter notre volonté en ne consacrant pas quelques secondes pour élaborer un choix.

Prenons le temps, quelques secondes, écoutons notre volonté, élaborons des choix. Ainsi, nous mettrons à notre avantage la possibilité d’exécuter notre volonté, d’exister, d’être satisfait de nous même. Parfois, malgré cette écoute accordée à notre volonté, nous échouerons en mettant en application la volonté du mal, mais nous aurons au moins le mérite de dire que nous avions le contrôle et que nous avons choisi de donner le feu vert au mauvais penchant. Si le juif a le contrôle, il aura ainsi beaucoup plus de chances d’exécuter sa volonté qui est, en réalité, celle de Son Créateur.


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