Vivre son Modé Ani – מודה אני (Rav Pinkous)

Vivre son Modé Ani – מודה אני (Rav Pinkous)

par | Juil 30, 2024 | Divers | 0 commentaires

Modé ani, un plan de route pour la journée de chaque juif

Le Sidour commence par la prière de Modé Ani et se termine par Alénou léchabea’h.

Nous connaissons tous cette expression : “Sof maasé béma’hchava té’hila,  l’aboutissement de la Création était (déjà)  dans la pensée dès le départ.

Ce qui signifie que lorsque nous avons un projet, celui ci peut être perçu à deux moments différents :

– au point de départ, lorsque le projet n’est que théorique;
– à la fin du projet, c’est-à-dire l’aboutissement de notre mise en oeuvre dans l’élaboration concrète du projet.

Nos sages emploient une autre formule similaire qui est « sofo naoutz bitrilato » qui signifie la fin se trouve dans le début.

Ainsi le Modé Ani, qui sont les premiers mots que nous prononçons le matin au réveil, est un plan que le juif devra suivre durant toute la journée. 
Le but de la journée est d’arriver à réaliser ce qui est mentionné dans le dernier texte de la prière Alénou léchabea’h : ”Il nous incombe de louer Le Maître de l’Univers, de gratifier Le Créateur de grandeur (…) ,et tu sauras, aujourd’hui, et tu placeras dans ton cœur que Hashem est Eloqim, et qu’il n’y a rien hormis Lui. »

Nous commençons par le Modé ani et devons terminer en accomplissant ce qui est mentionné dans Alénou léchabea’h

מודה אני

Il est inconcevable d’oublier le plan de route car sans celui-ci, il est presque impossible d’accéder à notre destination désirée.

On peut essayer de comprendre grâce à une parabole.

Un homme rentre dans son véhicule pour effectuer un voyage de Jérusalem à Bné Brak. Mais le souci est qu’il arrive a Netivot. Nous lui demandons comment est-il arrivé à Netivot et voici qu’il répond que durant le trajet il a choisi de prendre un autre itinéraire. Et ce n’est qu’une fois arrivé à Netivot qu’il avait réalisé son erreur.
Cet homme est pardonnable, l’erreur est humaine.

Prenons un autre exemple. Un homme rentre dans son véhicule pour effectuer un voyage de Jérusalem à Bné Brak et voici qu’il arrive à Netivot. Nous lui demandons comment est-il arrivé à Netivot et voici qu’il répond qu’il avait oublié ou il désirait se rendre. Cet homme est évidemment impardonnable.
Prendre une mauvaise direction par erreur est pardonnable cependant oublier le but même du voyage est quelque chose de grave.

Le plan de route ainsi que le but auquel nous aspirons doivent nous accompagner durant toute la journée. Il nous est interdit d’oublier ne serait-ce un seul instant cette introduction à notre service divin ainsi que le but de notre vie.

La première chose que l’homme doit savoir est, comme le dit le Messilat Yécharim, quel est son obligation, son devoir dans ce monde. 

Il est vrai que parfois nous faisons des erreurs. « Pourquoi es-tu arrivé en retard aujourd’hui ? » « Parce que je pensais qu’en faisant un détour j’éviterai les bouchons » ou « Je me suis oublié et j’ai longuement parlé au téléphone », à cela nous pouvons pardonner.

En revanche s’il répond « je ne sais pas pourquoi je suis arrivé ici » ou « je pensais venir ici pour parler » voici qu’il a oublié la raison de sa réalité dans ce monde.

Voici la première chose que nous devons savoir avant de débuter notre service divin, réfléchir à la raison pour laquelle nous sommes ici et la réponse à cette question devra nous accompagner durant toute la journée.

Ceci est la raison même du modé ani, car elle est une définition et un plan de route de ce qu’attend Hashem de nous.

Modé ani, Ségoula pour une bonne journée

En plus de ce que nous venons de dire le modé ani est un merveilleux trésor. Dans le livre Kéter Rosh il est ramené au nom du Rabbi Haim miVologine qu’en fonction du réveil de l’homme le matin et de sa décision a ce moment-là de prendre sur lui durant toute la journée le joug de la Torah, d’étudier avec assiduité et de ne rien laissait le déranger durant son étude, ainsi Hashem lui octroie sur l’aide afin de servir son Créateur durant toute la journée.
C’est-à-dire que si nous profitons de ce moment qui est le réveil afin de prendre de bonnes résolutions pour la journée une aide du ciel nous accompagnera durant toute la journée.
Nos sages ont d’ailleurs dit «Béderekh chéAdam rotsé leiler molikhim oto » le chemin dans lequel l’homme désire se rendre on l’aide à s’y rendre.

Modé: serviteur d Hashem

Commençons à présent expliquer le texte lui-même.

Chaque juif dès son enfance a appris à réciter le modé ani dès son réveil. Bien que nos mains sont encore sales et impures nous le récitons car le texte ne contient pas de Noms saints.
Pourquoi devons-nous le réciter dès notre réveil et pourquoi ces mots ont-ils été choisis pour être les premiers mots que chacun doit dire au moment où il se lève de son sommeil ?

Le matin lorsque l’homme se réveille et ouvre ses yeux qui rencontre-il en premier ?
La chose qui est plus proche de lui, c’est lui-même, le « je ». La première chose qu’il se demande : « Suis-je encore fatigué ? Ai-je suffisamment dormi ? Ai-je bien dormi ? La tête me fait-elle mal ou pas ? Etc.«
C’est pour cela que nos sages ont choisi comme premier mot le mot « modé » qui signifie « remercier » ou « reconnaître ». On ne dira pas « ani » qui signifie «je, moi » en premier, bien qu’il aurait été préférable de dire « ani modé », car ce moment qui nous pousse à ne penser qu’à nous-mêmes nous le donnons à HaKadoch Baroukh Hou. Ce n’est pas moi qui passe en premier mais cette obligation de reconnaître que tout provient d’ Hashem.

L’âme ne nous appartient pas mais elle est déposée dans notre corps en tant que gage. Il est connu si une personne nie avoir reçu un gage que le propriétaire du gage ne peut pas le sanctifier car ce dernier n’est pas dans sa propriété mais bien de la propriété de celui qui détient le gage. En revanche si la personne reconnaît avoir reçu un gage alors ce dernier est considéré comme étant déjà dans la propriété du véritable propriétaire et celui-ci pourra le sanctifier.

En ne disant pas le “ani” en premier mais en disant “modé” la première chose que nous faisons est de reconnaître que notre âme, que notre vie et que notre réalité dépendent d’HaKadoch Baroukh Hou. Nous nous placons dans la propriété d’Hashem car nous avons reconnu que tout cela n’est pas notre propriété mais bien un gage et ainsi HaKadoch Baroukh Hou pourra sanctifier notre vie.

En revanche si nous disons « ani » en premier c’est comme si nous considérons que ce « ani », ce « moi », nous appartenait. On renie avoir reçu ce gage qui est la vie et Hashem ne peut se préoccuper de nous et nous dira,has véchalom, « débrouille-toi pour ta subsistance, ta santé etc. »

Ce premier mot modé doit avoir un impact sur nos actions durant toute la journée, à nous de savoir à qui nous appartenons. Grâce à Dieu, chacun d’entre nous se considère comme un serviteur de Dieu et pense « je veux étudier la Torah, je veux prier, je désire ardemment être un bon juif, je veux effectuer les mitsvot, je veux octroyer du bien, je ne veux pas me mettre en colère, etc. ». Toujours « je » mais où est Hashem ? Est-ce que nous nous sommes demandés qu’elle était la volonté de Dieu dans tout ça ? Que veut-Il de nous?
Cette pensée qui ne réfléchit qu’a la première personne du singulier contredit l’essence même du juif. Un juif est un serviteur de Dieu, il étudie la Torah parce que Dieu lui a ordonné d’étudier et non pas parce qu’ainsi il le veut. Car si l’étude dépend de sa volonté il est possible que parfois il ne voudra pas étudier mais si nous commençons notre journée en disant « modé », nous reconnaissons cette réalité qu’il y a un Maître qui nous dit quoi faire, comment se comporter dans tous les détails de la vie et tout semble différent.

Rav Pinkous

Le rav Pinkous raconte sur lui même : « une fois j’ai ressenti ce problème et c’était à la sortie de Yom Kippour. Le jour de Yom Kippour j’ai travaillé très dur du fait que je suis officiant à la synagogue, j’avais fait la prière de Kol Nidré et ensuite j’avais donné un cours de Torah. Le lendemain j’ai fait la prière de Moussaf et ensuite de Neila.
À la sortie de Yom Kipour je suis rentré à la maison épuisé et je n’avais presque plus de force. J’ai fait Havdala, et je suis parti un peu me reposer. Mon ressentiment était que durant toute la journée j’avais travaillé dur et grâce à Dieu à présent mon service divin s’était terminé et que j’avais la possibilité de me libérer un peu afin de me reposer.

Soudainement est montée dans mon esprit cette pensée : si j’avais été un serviteur (pas esclave mais serviteur) chez un maître il est évident que bien que j’aurais passé une journée difficile à la synagogue j’aurais dû servir mon maître ainsi que sa famille installés à leur table et je n’aurais pas eu d’autre choix que de faire ce qui m’incombent. J’aurais dû manger rapidement et immédiatement passé au travail ! La fatigue ne nous rend pas quittes de notre service divin et nous n’avons pas reçu de lettre de licenciement !
Ainsi comment puis-je ressentir qu’à la sortie de Yom Kipour que mon job est terminé, que la pression est tombée, que si je le désire je continue et sinon j’arrête ? !
Qui m’a libéré ? Et si je ressens une impression de liberté c’est le signe que je n’ai jamais ressenti être un serviteur d Hashem. C’est la preuve que tout notre effort durant la prière de Yom Kipour n’était destinée qu’à percevoir durant l’année suivante les bénédictions de Dieu et non parce qu’ Hashem nous l’a tout simplement demandé.
C’est un signe que ce Yom Kipour n’était tourné que vers nous-mêmes et non pour faire la volonté divine.

Nous sommes tous des croyants et nous savons tous que sans l’expiation de Yom Kippour que les chèques peuvent revenir impayés que la santé de nos enfants est en danger !… Si je suis celui qui a voulu prier je suis celui qui a voulu crier – tout est « je ».
C’est pour cela que lorsque se termine le jour de Yom Kipour je ressens que mon service est terminé et que je peux me reposer.

Cependant, si nous ressentons que nous sommes des serviteurs nous comprendrons que notre maître ne nous a pas encore libéré, que nous n’avons pas encore reçu du licenciement et c’est une grande différence.

L’homme fait des calculs en permanence : « que faire à présent ? Étudier encore un peu ? Partir dormir ? Partir manger ? » Baroukh Hashem nous somme tous des Yiré chamaim, mais nous faisons tellement de calcul et nous nous pensons pas un seul instant qu’il y a un Baal haBayit. Que dit-Il ? Que pense-t-Il ? Nous a-t-Il libéré ?

Il est possible que Sa volonté soit la même que la notre et qu’effectivement nous ayons droit de faire ce que l’on désire, mais le faire parce que Le Patron le veut ou le faire car je le veux est tout a fait différent.

Devons nous-être soumis a D. au point de faire abstraction de notre volonté? devons nous s’annuler devant Sa volonté?

La réponse sera avec l’aide de D. dans le prochain mot, Ani 

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