Le Bouc émissaire de Yom Kippour – שעיר המשתלח

Le Bouc émissaire de Yom Kippour – שעיר המשתלח

par | Mai 14, 2020 | Fetes | 0 commentaires

L’essentiel de la Kapara (expiation) de Yom Kippour dépend du Bouc Émissaire

Dans la Paracha de A’haré Mot (Vayikra 16/5-22) il est écrit :

“De la part de la communauté des enfants d’Israël, II prendra deux boucs pour l’expiation et un bélier comme holocauste. Et Aaron amènera le taureau expiatoire qui lui est destiné, afin d’obtenir grâce pour lui-même et pour sa maison. Et II prendra les deux boucs et les présentera devant le Seigneur, à l’entrée de la Tente d’assignation. Aharon tirera au sort pour les deux boucs: un lot sera pour l’Éternel, un lot pour Azazel. Aharon devra offrir le bouc que le sort aura désigné pour l’Éternel, et le traiter comme expiatoire; et le bouc que le sort aura désigné pour Azazel devra être placé, vivant, devant le Seigneur, pour servir à la propitiation, pour être envoyé à Azazel dans le désert. Aharon offrira son taureau expiatoire, fera propitiation pour lui-même et pour sa famille, et Immolera son taureau expiatoire. Il remplira l’encensoir de charbons ardents, pris sur l’autel qui est devant le Seigneur; prendra deux pleines poignées d’aromates pilés menu, et introduira le tout dans l’enceinte du voile. II jettera le fumigatoire sur le feu, devant le Seigneur, de sorte que le nuage aromatique enveloppe le propitiatoire qui abrite le Statut, et qu’il ne meure point. Alors il prendra du sang du taureau, en fera aspersion avec le doigt sur la face du propitiatoire, vers l’orient; et devant le propitiatoire, Il fera sept fois aspersion de ce sang avec le doigt.Il immolera le bouc expiatoire du peuple, en portera le sang dans l’enceinte du voile, et, procédant â son égard comme il aura fait pour le sang du taureau, Il en fera aspersion au-dessus du propitiatoire, et en avant du propitiatoire. II purifiera ainsi le sanctuaire des souillures des enfants d’Israël, et de leurs transgressions et de toutes leurs fautes; et il agira de même pour la Tente d’assignation, qui réside avec eux, parmi leurs souillures. Que personne ne soit dans la Tente d’assignation lorsqu’il entrera pour faire propitiation dans le sanctuaire, jusqu’à sa sortie. Ayant ainsi fait propitiation pour lui-même, pour sa maison et pour toute l’assemblée d’Israël,il s’en ira vers l’autel qui est devant le Seigneur, pour en faire la propitiation: il prendra du sang du taureau et de celui du bouc, en appliquera sur les cornes de l’autel, tout autour,et fera de ce sang, avec son doigt, sept aspersions sur l’autel, qu’il purifiera et sanctifiera ainsi des souillures des enfants d’Israël. Quand il aura achevé de purifier le sanctuaire, la Tente d’assignation et l’autel, il fera amener le bouc vivant. Aharon appuiera ses deux mains sur la tête du bouc vivant; confessera, dans cette posture, toutes les iniquités des enfants d’Israël, toutes leurs offenses et tous leurs péchés, et, les ayant ainsi fait passer sur la tête du bouc, l’enverra, sous la conduite d’un exprès, dans le désert.Et le bouc emportera sur lui toutes leurs iniquités dans une contrée solitaire, et on lâchera le bouc dans ce désert.”

Au Beit HaMikdash, voici que les Cohanim sacrifiaient plusieurs types de sacrifices, Ola, Nedava, ‘Hataot, Moussafim. Le jour de Yom Kippour, en plus du bouc choisi par tirage au sort pour Hashem, ils sacrifiaient un sacrifice de ‘Hatat du Moussaf et un gros bétail du Grand prêtre. Ces deux sacrifices n’avait pour seul but d’expier qu’une seule faute, la faute d’avoir fait entrer une impureté dans le Temple. Le Bouc Émissaire, en revanche avait une caractéristique que nous ne trouvons dans aucun autre sacrifice.En effet le Rambam écrit dans Hilkhot Téchouva (Chap.1 Hal.2) : “Le bélier envoyé [à Azazel,] étant donné qu’il est une expiation pour tout le peuple juif, le grand prêtre se confesse dessus au nom de tout le peuple juif, comme il est dit : « il confessera tous les péchés des enfants d’Israël ». Le bélier envoyé [à Azazel] fait expiation pour toutes les fautes mentionnées dans la Torah, [les fautes] légères comme graves, que la transgression ait été [commise] délibérément ou par inadvertance, qu’il [le pécheur] ait eu connaissance [de sa faute] ou non, tout est expié par le bélier envoyé [à Azazel], pourvu qu’il [le juif ayant fauté] se soit repenti. Mais s’il ne s’est pas repenti, le bélier ne fait expiation que pour les [fautes] légères. Quelles sont les [fautes] légères et quelles sont les [fautes] graves ? Les [fautes] graves sont les fautes passibles de mort par le tribunal ou de retranchement. Le serment vain ou mensonger, bien qu’il ne soit pas passible de retranchement, fait partie des [fautes] graves. [La transgression des] autres commandements négatifs et [la négligence des] commandements positifs qui n’impliquent pas de [peine de] retranchement sont [considérés comme] des [fautes] légères.”

bouc emissaire

C’est a dire que le bouc émissaire a la faculté d’expier:

  • les fautes légères (consommation de porc, bitoul torah, médisance…) sans même que l’on est besoin de faire techouva (se repentir).
  • les fautes graves sur lesquelles il y a une peine de karet ou de mort mais a condition que l’on fasse techouva.

Qu’est ce que le bouc émissaire? On prenait un bouc, on se confessait, et l’on faisait comme si nous mettions toutes nos fautes sur ce bouc. Ensuite on jetait le bouc du haut de la falaise et lorsque l’animal se brisait, un miracle apparaissait, le fil rouge qui était attaché a ses cornes devenait blanc et ainsi nous savions que Hashem avait pardonné toutes nos fautes.

Comment comprendre que ce soit ce bouc émissaire envoyé a Azazel avait une faculté aussi extraordinaire d’expier toutes nos fautes alors que ceux offert a Hashem dans le temple ne pardonnait qu’une seule faute?

Faire taire les accusateurs en leur offrant une offrande, le bouc émissaire

Dans tous les livres de prière de Rosh Hachana, un passage du Zohar est cité (avant les sonneries du chofar) dans lequel on nous pouvons remarquer que l’essentiel du service de Yom Kippour dépend de ce Bouc Émissaire.

Nous allons nous contenter de ramener un résumé de ce passage. Ce Zohar va nous donner une autre lecture de la paracha de Toledot (Béréchit 27) dans lequel est cité ce fameux passage que tout le monde connait ou Its’hak demande a Essav de lui préparer du gibier a manger et que Yaakov va le devancer tout en se faisant passer pour Essav. ( Lire le passage )

Le jour de Rosh HaChana, c’est la mida (caractéristique) de Its’hak qui domine, le Din (la rigueur / justice) et ce jour la, voici que “Its’hak était vieux, ses yeux troublaient sa vue” (27;1). Ainsi Its’hak, la mida de justice appelle son fils Essav, l’accusateur, le yetser hara lui même, et lui demande “Sors dans le champ, et chasse pour moi du gibier” (27;3), amène moi tous les péchés du peuple juif. Et lorsque Rivka entend cela, immédiatement ” Rivka dit a Yaakov”, au peuple juif de faire face aux accusateurs qui se lèvent contre lui. Ainsi Yaakov réagit et s’habille de prières et supplications ” Hakol kol Yaakov / La voix c’est la voix de Yaakov ” (27/22) et Yaakov rentre chez son père.

“Il (Yaakov) le servit et il (Its’hak) mangea” (27/25), au lieu que Essav lui présente tous les péchés des Bné Israël, voici que Yaakov lui dévoile toutes les mitsvot, les prières et supplications et ainsi Its’hak se rapproche de Yaakov ” Il s’approcha, il l’embrassa et respira l’odeur de ses vêtements” (27/27) c’est a dire les prières et supplications de Yaakov. Ainsi Hashem se réjouit de ses enfants. Toutes nos péchés disparaissent et ainsi les Bné Israël sont acquittés lors du jugement de Rosh Hachana.

bouc émissaire yom kipour

Cependant, la conséquence est que “Essav hait Yaakov” (27/41), Essav désire poursuivre Yaakov et le condamner avec de de terribles accusations.

Yaakov fait techouva entre Rosh HaChana et Yom Kippour, et lorsque le jour de Yom Kippour arrive voici que Yaakov voit Essav avec 400 personnes. “Il (Essav) vient a ta rencontre et quatre cents hommes avec lui” (32/7) (lire le passage dans la paracha de Vayichla’h). Ces 400 hommes sont les anges accusateurs et “Yaakov s’effraya beaucoup, s’angoissa” (32/8) et donc multiplie les prières et supplications. Jusqu’à que lui vienne une idée merveilleuse afin de se sauver des mauvaises intentions de Essav, lui offrir des offrandes comme il est dit ” J’apaiserai sa face par l’offrande qui va devant moi” (32/21) et “il prit de ce qui venait dans sa main, une offrande pour Essav son frère”, voici l’allusion au bouc émissaire.

Et lorsque Essav reçoit, il demande a se lier a Yaakov ” Partons et marchons, je marcherais a ton coté” (33/12) mais Yaakov refuse. “Essav reprit ce jour la son chemin vers Sé’ir” (33/16) . Grace aux cadeaux, les accusateurs se retirent totalement et Hashem pardonne et expie toutes les fautes d’Israël.

Cette joie que ressent Israel d’avoir repoussé les accusateurs leur permet de rentrer dans la Souca et de résider avec la présence Divine  comme il est dit “et Yaakov partit vers Soucot” (33/17).

Ici se termine le merveilleux enseignement de ce Zohar.

Nous apprenons de ce Zohar, que le moyen idéal de se libérer des accusations du yetser hara (mauvais penchant) est tout simplement de lui offrir une offrande, et ainsi Hashem peut faire rentrer ses enfants dans la Souca.

Cependant, une question se pose. Pouvons nous offrir une offrande a une entité qui est autre que D.? Pouvons-nous offrir des cadeaux aux yetser hara? N’y a t-il pas un probleme d’idolâtrie?

Nous essaierons avec l’aide de D. de répondre a cette question dans un autre article.

Puissions mériter de repousser les accusations et de goutter au plaisir de cette proximité avec Le Créateur dans l’enceinte de la Souca. Amen

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